J’ai la chance d’habiter dans une petite ville de région parisienne dans laquelle il y a un petit massif forestier.
Au milieu de ce massif, il y a une petite clairière ronde où convergent les différentes allées. Ce lieu est l’endroit des retrouvailles entre propriétaires de chiens. Les chiens s’y ébattent donc en liberté, pendant que leurs humains discutent et profitent de ce moment convivial. Et tout ces chiens « jouent » entre eux et avec ceux qui passent à proximité (comprenez : se poursuivent ou vont à la rencontre des nouveaux arrivants). Ça a l’air sympa, hein ? Sauf que : - RESTER EN STATIQUE : Lorsque l’on reste en statique avec un chien, on le maintient inconsciemment dans un périmètre autour de soi (plus ou moins grand selon l’individu). Une fois cet environnement exploré, il ne présente pas d’autre intérêt que les individus qui y sont présents, et en premier lieu, les autres chiens. Ceux qui sont déjà présents, mais également tous ceux qui sont de passage à proximité et constituent une nouveauté attrayante lorsqu’il n’y a rien de mieux à faire. Donc tous ces chiens foncent en groupe sur ce chien et son/ses humains qui n’ont rien demandé. - LE « JEU » : L’excitation monte, les chiens courent, se poursuivent entre eux. Souvent, ce sont les mêmes chiens qui poursuivent, et d’autres qui sont toujours poursuivis. Des harceleurs et des harcelés. Sans possibilité de se mettre à l’écart (ce qui reviendrait à s’éloigner de son humain). Des interactions qui sont donc subies pour les uns et renforcées pour les autres. - L’APPRENTISSAGE SOCIAL : C’est quelque chose de fabuleux… parce que les chiens intègrent et généralisent tellement vite les apprentissages lorsqu’ils viennent d’un congénère. Dans ces groupes, il y a souvent des chiots et des ados… qui du coup apprennent à harceler, à subir sans que l’humain de confiance n’intervienne (dommage pour la relation), à charger des chiens inconnus pour aller les rencontrer, etc… Et tout cela, on l’observe quotidiennement, en forêt, comme dans bon nombre de clubs canins / école du chiot. LES CONSÉQUENCES : Et bien là, vous avez la parfaite recette pour obtenir des chiens réactifs. Vous savez, ceux qui ont une attitude agressive en laisse lorsqu’ils croisent d’autres chiens. Pour abîmer la relation que vous avez avec lui aussi. Pourquoi ? - parce que le harceleur qui a appris à forcer le contact pour rencontrer un congénère peut très mal gérer sa frustration de ne pas pouvoir le faire lorsqu’il est en laisse - parce que le harcelé qui a appris que son humain ne lui sera d’aucun secours lorsqu’il est en difficulté, peut prendre les devants en essayant de maintenir les autres chiens à distance lorsqu’il est coincé par la laisse - parce que les chiens qui se font régulièrement chargés par un groupe de chiens qui vient au contact, se retrouvent à appréhender les rencontres canines, d’autant plus lorsqu’ils sont entravés dans leurs mouvements, par la laisse. Alors que faire ? - LE MOUVEMENT : le chien voit le monde par les odeurs, en vous déplaçant lentement dans les bois, vous lui offrez une activité intéressante, apaisante, et bien plus épanouissante. Avec des options autres que de se focaliser sur les autres chiens. - LA COMMUNICATION NON-VERBALE : l’orientation de votre corps, de vos épaules, de votre regard, vos accélérations, ralentissements, etc… tous ces signes qui trahissent vos intentions sont directement perçus et interprétés par votre chien. En prendre conscience permet d’éviter de dire avec son corps l’inverse de ce qu’on souhaite obtenir. - LA LONGE : d’au moins 10m, afin de pouvoir canaliser un chien jeune ou simplement trop en prise avec ses émotions pour être capable d’interagir convenablement. - L’OBSERVATION : ce n’est pas parce qu’un chien remue la queue qu’il est content, ce n’est pas parce qu’il se couche sur le dos qu’il est en confiance, ce n’est pas parce qu’il est excité qu’il est heureux. Observez vraiment votre chien : qu’est ce qu’il fait ? Que s’est-il passé avant ? Que se passe t-il ensuite ? Ce n’est pas parce qu’il connaît déjà cet autre chien que toutes leurs interactions se passent bien et que la relation est saine… - L’ANTICIPATION : et là, c’est le maître mot. En fonction de ce que vous souhaitez pour votre chien, observez ce qu il se passe autour de vous pour agir en conséquence : -> Votre chien a tendance à mal vivre les rencontres avec les groupes de chiens ? Il ralentit quand il en voit au loin ? Arrêtez vous, laissez lui la liberté d’avoir le temps de prendre des informations à distance ou de choisir de changer de chemin plutôt que de le pousser à aller subir une interaction dont il ne veut pas, en endommageant ainsi le lien qui vous unit. -> Votre chien a tendance à foncer sur les autres chiens ? Mettez le en longe et apprenez lui à se présenter plus poliment, avec une approche moins directe. Sinon il risque de l’apprendre à ses dépends, le jour où le chien d’en face le remettra sévèrement à sa place. Ces dernières années, la population canine a fortement augmenté, notamment en région parisienne. Les réglementations pleuvent et réduisent considérablement les espaces où nos chiens peuvent évoluer en liberté. Parce qu’à force d’imposer les chiens aux autres usagers des espaces verts, il n’y a plus de partage d’espace. Mais aussi parce que les problèmes de réactivité intra-spécifique (=envers les autres chiens) sont de plus en plus nombreux et font que les propriétaires de chiens ne veulent plus non plus de ces espaces de liberté pour les uns qui réduisent leur propre liberté : *Pouvoir se promener en forêt sans avoir à subir les chiens des autres sans consentement préalable*
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réflexions caninesVous trouverez ici différents billets autour de la relation entre humains et chiens. Bonne lecture Archives
Janvier 2023
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